7 — La caresse de la lumière
- Romy Harel

 - il y a 5 jours
 - 4 min de lecture
 

Le studio de Grâce est baigné d’une lumière dorée qui glisse sur les murs, caresse les photographies suspendues, danse sur le parquet. Chaque reflet semble raconter une histoire. L’espace est vaste, intime, rempli d’objets choisis avec soin: appareils anciens, tirages noir et blanc, éclats de lumière figés dans le verre des cadres. Dans cette atmosphère, chaque détail respire la créativité et la passion.
Angelica pénètre dans cette bulle avec une lueur joueuse dans le regard. Elle s’arrête devant un tirage, effleure du bout des doigts la silhouette nue immortalisée sur le papier glacé, puis lève les yeux vers Grâce avec un sourire mutin.
«Tu les fais se sentir belles…»
Grâce incline légèrement la tête. «Elles le sont. Je ne fais que révéler ce qui est déjà là.»
Angelica esquisse un pas dans sa direction, puis un autre, glissant avec une assurance nouvelle au cœur de l’espace. Elle tourne sur elle-même, ses cheveux fouettant l’air, laissant son corps capter la lumière comme si elle s’y baignait.
«J’ai envie de me voir avec tes yeux.»
Elle s’arrête devant la grande baie vitrée où le soleil décline lentement, offre son profil à la lumière, la joue tendue vers les derniers rayons. Grâce ajuste instinctivement son appareil.
«Tu es prête, on dirait…»
Angelica rit doucement. «Plus que tu ne le crois.»
Et sans attendre d’invitation, elle défait les derniers boutons de son chemisier et se libère du tissu dans un mouvement presque dansé. Sa peau apparaît, dorée, frémissante sous la lumière. Puis le short suit, glissant le long de ses hanches, dévoilant ses jambes fines et souples. Elle se dandine un instant, joue avec son propre reflet dans la vitre, avant de se tourner pleinement vers Grâce, offerte, décomplexée, frissonnante d’une excitation nouvelle.
Grâce, fascinée, l’observe par-dessus son objectif. «Angelica…»
«Chut…»
Angelica pose un doigt sur ses propres lèvres, lève le menton avec un sourire de défi et pivote sur elle-même, exposant chaque courbe au regard et à la lumière. Elle se plaît dans cet abandon, dans cette transgression intime. Elle devient muse, modèle, amante potentielle. Elle est ce qu’elle a envie d’être à cet instant précis: belle, audacieuse, vivante.
Le clic de l’appareil résonne.
Grâce capture tout. L’assurance, la vulnérabilité sous-jacente, le feu qui danse sous la peau d’Angelica. Chaque image est un poème, chaque ombre un frisson.
Tristan, du haut de son étagère, s’étire langoureusement, cligne des yeux et ronronne. Ah, ces humaines. Elles s’amusent enfin.
Après la dernière photo, Angelica s’approche pour regarder l’écran. Son souffle suspendu lorsqu’elle découvre son propre reflet, nu, lumineux, capturé à jamais.
«C’est moi...»
Elle a du mal à se reconnaître, et pourtant… c’est bien elle. Ce qu’elle est vraiment. Ce qu’elle n’a jamais osé regarder en face: une femme vivante, belle, pleine de désir. Pas parfaite. Mais entière.
«C’est tout à fait toi.»
Son doigt effleure l’image, un sourire indéfinissable flottant sur ses lèvres. Puis, sans un mot, elle se tourne vers Grâce, encore nue dans la lumière dorée du studio. Son regard brille d’un éclat troublant.
Elle avance, lentement, et efface la distance qui les sépare. Son corps chaud contre celui de Grâce, elle l’enlace d’un geste intime et doux. Un souffle, un battement de cils, et leurs lèvres se rejoignent enfin. Un baiser lent, profond, une communion au goût d’évidence et de vertige.
La lumière les enveloppe, complice.
LA PHOTOGRAPHE PHOTOGRAPHIÉE
La soirée commence à peine, et une lumière tamisée enveloppe le studio. Tristan, maintenant allongé avec nonchalance sur un rebord de fenêtre, observe la scène avec attention. Ces deux-là jouent à un jeu bien plus sérieux qu’elles ne le pensent, songe-t-il, sa queue battant doucement le rythme de ses pensées.
Angelica s’est rhabillée. Assise à la table de travail, elle feuillette les premiers clichés de la séance. Grâce, un sourire satisfait sur les lèvres, sirote un verre de vin à quelques pas d’elle.
«Tes photos sont vraiment magnifiques», murmure Angelica en glissant les doigts sur une des impressions.
«Tout le mérite te revient», répond Grâce, posant son verre. «Tu t’es abandonnée… et ça se voit.»
Abandonnée, hein?, pense Tristan en étirant une patte. Elle pourrait aussi bien lui dire qu’elle s’est offerte, mais il est peut-être trop tôt pour ça.
Angelica repose les clichés et lève les yeux vers son amie. Une lueur espiègle brille dans son regard.
«Ces photos me donnent une idée», dit-elle en se redressant.
Grâce arque un sourcil, intriguée.
«Oh? Et quelle est cette idée?»
Angelica se lève, son assurance nouvelle transparaissant dans ses gestes. Elle désigne l’appareil photo posé sur le trépied.
«Que dirais-tu de changer de place avec moi?»
Grâce rit, surprise.
«Moi? Devant la caméra?» [...]
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